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Juin 2011
On n’est pas des pigeons
La Première
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Journal télévisé 19h
Matière grise
Journal télévisé 19h
Gael
VOYANCE – TAROT – NUMEROLOGIE
Et si certains outils de divination pouvaient éclairer notre route ? Tarologue, numérologue et voyante : en ce début d’année, nous avons frappé à trois portes ouvrant sur le futur. Comparatif.
Les gens sont de plus en plus avides de conseils, d’actes. Ils sont persuadés que j’ai des clés mystérieuses en ma possession. C’est un peu le retour à la pensée magique « regrette Michael Delmar, célèbre astrologue français. Bien évidemment, cela n’échappe pas aux charlatans, ouvrant la porte à biens des dérives. Pourtant, ce que les professionnels du milieu – du moins ceux qui se/vous respectent –proposent à ceux qu’ils rencontrent, c’est au contraire de vivre les yeux grands ouverts. Quelle que soit leur technique, ils parlent d’apprendre à mieux se connaître pour « ouvrir les ailes » en toute liberté. Ils fascinent, parfois. Ils font ricaner, souvent. Ils intriguent, toujours. En tout cas, ils ne laissent personne indifférent. Constat: nous sommes de plus en plus nombreux à aller les consulter…Souvent en cachette! A notre époque, ces « éclaireurs » de l’envers du décor sont comme des phares dans le brouillard de notre vie.
Trois spécialistes à l’épreuve…
Des cartes, des nombres, des perceptions.
Nous avons choisi trois techniques différentes et complémentaires, qui donnent un éclairage spécifique sur l’imparfait, le présent et le futur de l’être : le tarot psychologique, la numérologie et la voyance. Sachez qu’hormis avoir dit venir pour GAEL (et, pour la numérologie, donné les éléments nécessaires), rien n’a été précisé au préalable (mode de vie, statut, passion, état civil, projets, etc.). De même, j’ai fait un (gros!) effort pour écouter sans induire les réponses, afin d’apprécier la justesse de ce qui m’a été transmis.
Voyance : « L’expérience la plus fun ! »
Les bonnes raisons d’y aller : pour trouver un éclairage sur le chemin et des réponses directes.
Ce que vous n’y trouverez pas : le grand jeu « boule de cristal » ! Fans de spectaculaire, passez votre chemin (du moins en ce qui concerne Esméralda Bernard).
La technique : avec la voyance, tout part d’un don. Le pourquoi et le comment des perceptions extrasensorielles restent mystérieux, même si ces facultés sont étudiées par les scientifiques. Alors, oui, certains « voient » (ils ne s’agit pas seulement d’images, mais aussi, selon les personnes, de perceptions auditives, tactiles ou globales).
Concrètement : nous y voilà ! Je dois avouer que c’est l’approche qui m’intriguait le plus…peut-être en raison d’un certain scepticisme. On s’attend à tout en allant chez une voyante ! Esméralda, devant mon œil scrutateur, me dit en riant : « Non, je n’ai pas de chouette sur mon épaule, ni de balai. » Cette femme épanouie, au look plutôt classique, exerce depuis 20 ans, a écrit un livre, participé à de nombreuses émissions et créé l’association belge Delta Blanc, qui défend le professionnalisme des parapsychologues et les intérêts de ceux qui les consultent. Sa séance démarre sur les chapeaux de roues par dix minutes où elle expose ce qu’elle « voit » à mon, propos. Sorte de carte d’identité flash. A l’issue de cette introduction, si ça ne colle pas, on arrête tout. « ça m’arrive, selon les personnes ou les jours , de ne pas percevoir clairement les choses ». Nous n’avons pas stoppé : elle m’a donné l’impression de me connaître comme si elle m’avait fait (mieux, même !). Dans ce bref laps de temps, elle m’a définie comme personne, pas même moi, n’avait réussi à le faire, notamment en tant que « solitaire sociable ». Plongeant au cœur de mes contradictions, pas toujours assumées. Ensuite avec le support d’un jeu de tarot, contrepoint de ses visions, elle avance dans mon chemin de vie, de zones d’ombre ou de lumière, en bifurcations, passées ou à venir. Certaines choses m’amusent, comme l’histoire du piano (lire ci-dessous) ou d’un glouglou persistant (problème de canalisations ?). D’autres me déconcertent : un nœud de corde (symbolique ?) à un endroit précis du corps, des infos détaillées sur mon compagnon (lui qui était si réticent en est resté scotché, me demandant d’un air dégagé :« elle est où, cette voyante ? »), un déménagement (encore), etc. D’autres, enfin me dopent, comme les perspectives d’épanouissement (passions, projets). L’expérience la plus fun ! J’en suis ressortie avec une pêche d’enfer. Il faut dire qu’Esméralda m’a prédit, par le menu, que le meilleur restait à venir. Si c’est aussi juste que ce qu’elle a capté du passé, pas de quoi avoir peur de vieillir
J’ai aimé : la fulgurance de ce que la voyante perçoit. C’est vraiment bluffant. Souvent pertinent, parfois impertinent. Il y a des choses que j’aurais mieux aimé qu’elle ne perçoive pas, même si Esméralda reste extrêmement prudente et insiste sur le libre-arbitre.
J’ai moins aimé : c’est grisant quand Esméralda « voit » quelque chose…mais c’est aussi frustrant quand cela ne vous évoque rien (ça, c’est le Capricorne qui parle, soucieux de tout contrôler !). « Je vois un piano ( ?)…Ca ne vous dit rien ? (Non) Vous êtes sûre ? (Oui!!!). Quelqu’un de votre entourage joue du piano (mais, elle insiste !). C’est important, pourtant (Aaahhhh)’…Elle y reviendra plusieurs fois. Depuis, je guette notes de Bach et pieds de Steinway (je plaisante ! Quoique …)
Elle a dit : « N’oubliez jamais que la médiumnité, tout comme la science, n’est pas infaillible. »
Carine Anselme
Ciné Télérevue
« J’AIMERAIS ÊTRE LE COBAYE DES SCIENTIFIQUES »
Dans le monde des sciences occultes, les dérapages sont nombreux.
Mais il y a aussi d’étranges surdoués qui stupéfient par l’exactitude de leurs prévisions. Comment aider le public à éviter les charlatans ?
Une spécialiste répond
Aucune étude scientifique n’a permis d’affirmer la véracité de la voyance. Et pourtant, certains faits restent troublants. Doit-on parler d’heureux hasard, de coïncidence, lorsqu’un « spécialiste » détaille avec justesse les photos contenues dans une enveloppe, sans avoir ouvert celle-ci ? Faut-il évoquer un »don supérieur » des médiums défiant toute logique ? Peut-on reconnaître à ces personnes des capacités mentales extraordinaires alors qu’il existe beaucoup de charlatans ? D’autres professionnels de la divination, plus nuancés, prétendent être dotés d’un pouvoir inhabituel, mais ils en soulignent aussi les failles. C’est le cas d’Esméralda Bernard, dont le succès ne se dément pas. Son livre, « Les yeux de votre destin », paru aux éditions Grancher, en plus de raconter son histoire, relate bon nombre d’anecdotes qui révèlent les limites de ses aptitudes, mais illustre aussi parfaitement les faits incroyables qui lui sont arrivés.
La voyance attire un public de plus en plus large. Vous-même, vous êtes submergée.
Effectivement. Il faut attendre très longtemps pour avoir un rendez-vous auprès de moi et, au moment de cet entretien, mon agenda est complet jusqu’au 18 décembre. Mais évidemment, si une personne m’ayant déjà rencontrée demande à me revoir en urgence, j’accepte de l’intercaler entre deux séances, ou après 20 heures. Certains me consultent fréquemment, de la même façon qu’ils se rendent à intervalles réguliers chez un médecin. D’autres souhaitent m’entendre une fois par l’an, et s’inscrivent d’année en année. Des consultations sont déjà prévues pour 2004.
Cette « science occulte » ne souffre-t-elle pourtant pas d’un manque de crédibilité ?
Si ! Inutile de vous préciser qu’en public, les regards qu’on porte sur moi, lorsque je précise ma profession, ne sont pas nécessairement amènes. Pour certains, ce métier est un bon moyen de gagner de l’argent avec la faiblesse et la détresse des gens. Pour d’autres, je dois simplement être une fine psychologue, ou un escroc… Or, je ne suis rien de cela : je « vois » vraiment. Et aussi curieux que cela puisse paraître, je suis très rationnelle car, au bout de vingt ans de pratique, j’ai compris qu’il ne faut jamais perdre le contact avec la réalité. Dans les prochaines années, je compte, et je l’espère vivement, me prêter à des expériences avec des scientifiques ; je souhaite qu ‘ils étudient mon « cas », et être leur cobaye !
Comment pouvez-vous être certaine que vous n’œuvrez pas dans le domaine de l’imaginaire ?
Non seulement je cultive ce don depuis vingt ans, mais je travaille aussi sur base d’un système de fichiers. Dés que la personne sort de mon bureau, je rédige un petit compte rendu de ce que je lui ai dit. Et quand nous nous revoyons, nous dressons le bilan des événements. Cette méthode m’a permis de vérifier que mes propos étaient justes et fondés à 80%. Je n’ai pas eu de difficultés à accepter la voyance, dans le sens de la clairvoyance, c’est-à-dire l’accès à des informations du présent. Mais ce qui m’épate toujours, e, revanche, c’est la précognition, cette capacité à décrire un bâtiment, un personnage, du futur. Mes notes m’ont confirmé que j’avais détaillé des maisons que les personnes consultantes acquéraient trois ans plus tard
Pouvez-vous entrer en contact avec des disparus ?
Cela ne m’est arrivé souvent, mais, un jour, j’ai vraiment été confrontée à la présence d’une représentation fantomatique, sans que ni ma cliente ni moi ne l’ayons cherchée. Ce fut inattendu et troublant.
Vous basez-vous également sur des photos ?
J’ai accepté, en septembre dernier, de me soumettre à un test pour les besoins de l’émission « Matière grise », diffusée sur une chaîne belge. Le sujet était le paranormal. J’ai relevé le défi qui consistait à décrire des photos cachées dans des enveloppes. Je n’ai pas réussi à 100%, mais j’ai été épatée par mes propres résultats. Par exemple, j’ai défini un immeuble plus haut en son centre et plus bas sur les côtés, dans lequel les gens se contentaient de passer, et sur lequel figuraient trois lettres de l’alphabet : le a, le p et le t. Dans l’enveloppe : une carte postale représentant un musée construit comme je l’avais dit, et sur lequel était indiqué « Budapest ». Je ne peux pas expliquer comment j’ai fait. J’ai laissé venir à moi les informations. C’était comme si je connaissais ces illustrations.
L’intuition tient-elle une grande place dans votre pratique ?
Pas dans l’expérience que je viens de vous décrire. Evidemment, face aux humains, l’intuition est parcelle de voyance que tout le monde possède. Sans doute est-elle plus développée chez moi…Heureusement, j’ai grandi dans un contexte familial où le paranormal était accepté. Je ne me suis donc jamais sentie à côté de mes pompes, et pourtant, j’avais seulement une vingtaine d’années lorsque mon don s’est déclaré. Je n’ai rien décidé ;à l’époque, je tenais une boutique de prêt-à-porter pour femme.
Vous êtes le seul membre de votre famille à avoir hérité du « pouvoir » de votre grand-mère ?
Oui. Cela dit, beaucoup possèdent cette aptitude, mais encore faut-il développer son talent. Nous avons tous, à l’état latent, cette faculté de ressentir les choses, mais nous ne l’utilisons pas, parce que notre éducation cartésienne occidentale ne nous y prépare pas. Pis : elle s’y oppose
Que répondez-vous à vos détracteurs, qui vous reprochent d’exploiter le malheur des gens ?
Que ce n’est pas le cas, dans la mesure où j’empêche ma clientèle de devenir accro à cette science. Pas question de me consulter tous les mois. Mon but est d’aider la personne en lui fournissant des informations dont elle puisse se servir à sa guise. Je me compare aux phares d’une voiture : j’éclaire la route ; je montre si le chemin est rempli d’ornières ou s’il est dégagé. Et le consultant, choisit. Il garde son libre arbitre. Mais je ne pratique pas des travaux occultes, je ne donne pas les chiffres du Loto. Et si je les avais, je les jouerais ! Je ne fais pas non plus revenir les maris partis. Car tout ça, c’est bidon, purement commercial.
Le destin n’est donc pas définitivement tracé…
En effet. Et c’est une erreur de croire la clientèle du voyant toujours en détresse. Certes, très souvent, la première démarche est faite dans un moment de doute, d’interrogation ou de bilan. Mais une fois vérifiés les faits énoncés, on a envie de demander l’aide d’un spécialiste pour l’achat d’une maison, pour une association professionnelle ou l’orientation scolaire de son enfant. Trois sociétés me consultent pour le recrutement de leur personnel, au même titre qu’ils se font assister d’un conseiller, d’un avocat… Je leur fournis des informations sur les candidats, sans entrer dans leur vie privée. Je bosse sur base de photos ou de lettres manuscrites, car, malgré le fait que je ne suis pas une graphologue, l’écriture me permet de capter la personnalité du postulant, de définir ses potentialités. Imaginons qu’une société cherche un bon coupable et que je ressente quelqu’un d’extraverti, qui aime le contact, qui a besoin d’indépendance et de bouger : il servira à rien d’engager cet individu, qui ne s’épanouira certainement pas dans un travail de bureau. Je me base sur les harmonies et les affinités possibles. Mais je ne suis jamais directive dans mes propos. Nous avons tous un potentiel de points forts et de points faibles, et il faut que les premiers correspondent aux attentes de l’employeur.
Vous arrive-t-il de cacher la vérité lorsque vous « voyez » des événement négatifs ?
Je me suis toujours efforcée de ne pas mentir, mais il y a des choses qu’il fait dire avec l’intelligence du cœur. Sachez aussi que je ne capte pas de drames tous les jours. Heureusement, d’ailleurs ! Mais sur des sujets comme la mort, je reste extrêmement prudente. D’ailleurs, quelquefois, je ne vois pas le décès. Ma mission consiste à offrir au consultant les informations qu’il doit recevoir pour affronter un moment malheureux. Mais si j’annonçais à une maman qu’elle allait perdre son enfant, je serais un assassin ! Je ne peux pas le faire moralement parlant, d’autant qu’en voyance, la notion de temps est extrêmement floue. Je me souviens d’une mère de famille dont j’avais « vu » le fils être victime d’un accident de moto. Je lui ai confié qu’il allait chuter, mais j’ignorais s’il en ressortirait avec une jambe cassée ou pire. L’émotion que je ressentais était puissante, voire violente. Quelque mois plus tard, le jeune homme est parti en vacances avec un ami, et, au sommet d’une côte, une voiture qui en doublait une autre a fauché les deux copains à moto. Ils sont morts sur le coup.
Avez-vous encore des angoisses face à votre don, comme c’était le cas à vos débuts ?
Bon. En revanche, comme je vous l’ai dit, je reste émerveillée. Je sors régulièrement de mon bureau en me demandant comment je fais. Je suis une passionnée parce que je n’ai pas encore compris le mécanisme. Il y a quelques mois, j’ai reçu une dame : elle me tend la photo de son arrière grand-mère, en me demandant si je peux en savoir plus grâce à cette image. Je lui réponds qu’en général, je ne peux avoir de contact avec une entité, mais je garde le cliché quelques secondes en main. Subitement, la défunte m’apparaît dans mon esprit, les bras tendus, tenant un bébé mort-né. Je précise à ma cliente que cet enfant a une sorte d’auréole au-dessus de la tête. La dame s’est littéralement effondrée en pleurs : elle avait perdu sa petite fille à la naissance. Cette situation soulève aussi énormément de questions. Est-ce la disparue qui m’a donné l’information ? Maintenant, au moment où j’ai évoqué cet enfant, j’ai peut-être éveillé chez la personne un souvenir. Un phénomène de télépathie entre elle et moi a pu se produire.
Se reconnaît-on entre voyante ?
Parfois, oui. De temps en temps, vous pouvez aussi vous dire que votre confrère ne voit rien du tout, même s’il se présente comme tel !
Une voix ou un enregistrement vous suffisent-ils pour entamer un travail ?
Non, la voix, en tout cas chez moi, n’est pas un fil conducteur. En revanche, mon interlocuteur, me parlant de son papa par exemple, peut me servir d’antenne pour celui-ci. Cela s’est souvent produit. Dernièrement, un monsieur a évoqué son père et, tout de suite, j’ai ressenti en une partie de mon corps une douleur semblable à celle dont souffrait celui-ci. C’était venu spontanément. La voyance est très spontanée. On peut donc se demander s’il est vraiment possible de la pratiquer, puisqu’on ne se lève pas le matin en se disant : « Je vais avoir une vision ! » D’ailleurs, je ne saurais pas faire une heure de consultation. Donc j’utilise le tarot, qui répond d’une manière constante et fiable à mes interrogations. Quand on me pose une question, il m’arrive de répondre que je ne sais pas. Alors, je me sers de mes cartes.
Pourquoi introduire une bougie dans votre rituel ?
Cette flamme joue un rôle d’une porte symbolique. Quand j’ai commencé à « voir », c’était de manière sauvage. Dans des endroits publics me parvenaient des tas d’infos sur des inconnus, et je ne savais qu’en faire. J’ai donc dû apprendre à les gérer pour vivre ma vie, car j’aurais fini par disjoncter. J’ai appris à canaliser mes voyances, et, par conséquence, au début d’une consultation, j’allume une bougie : j’ouvre ainsi la porte de l’existence de mon interlocuteur. Ce qui est étonnant, c’est que la grosse fumeuse que je suis ne prend aucune cigarette au cours d’une séance !
Connaissez-vous beaucoup d’échecs ?
20%. C’est sur la notion de temps que je suis la moins fiable.
Quelle importance accordez-vous aux rêves ?
Tous ne sont pas prémonitoires, mais celui qui se vérifie est d’ordinaire plus puissant émotionnellement. J’en ai fait qui ont été criants de vérité. Il m’est arrivé aussi de connaître un songe télépathique : un jour, dans notre petite maison du Périgord, où se trouvaient alors mon mari et un ami, le feu s’est déclaré. La nuit j’ai « vu » des draps rouges, brodés de fleurs de lys pendant le log de la cheminée. Le lendemain matin, mon époux m’appelle et me parle de l’incendie. En fait, la poutre de la cheminée s’était bien consumée. Le tissu rouge représentait les flammes, et les fleurs, les fers forgés qui étaient placés sur la poutre !
« Voyez »-vous des choses vous concernant directement ?
Disons que je sais. Quand je croise quelqu’un, je peux dire si cette personne jouera un rôle important ou non dans ma vie. Mais je ne crois pas au hasard. Il n’existe pas. Nous rencontrons les gens qu’il faut parce qu’ils ont toujours quelque chose à nous apprendre.
Selon vous, nos ancêtres peuvent-ils nous influencer depuis l’au-delà ?
Je ne pense pas que les choses s’arrêtent lorsque le corps disparaît. Nos aïeuls partis physiquement évoluent encore autour de nous. Certains peuvent être nos guides, nous souffler des choses à l’oreille.
Combien coûte une consultation ?
60 euros pour une heure et demie. J’accepte trois ou quatre consultants par jour. Plus serait du business. Vous ai-je dit qu’un article du code pénal interdit le métier de devin ? Nous sommes passibles d’une peine de un à sept jours de prison. J’ai toutefois un registre de commerce sur lequel il est inscrit « voyante ». Je suis assujettie à la TVA et je cotise à une caisse de lois sociales. Je suis fiscalement. Et ce, au même titre que la prostitution…
Marie- France Adnet
MEN
LA VOYANCE AU SERVICE DE L’HOMME
« Nous vivons une époque où les progrès techniques ont été, dans tous les domaines, spectaculaires. Et, pourtant, on ne nie plus que les hommes politiques, les dirigeants, les chefs d’entreprise font couramment appel à la voyance ».
Vers l’âge de vingt d’ans, Esméralda Bernard a compris qu’elle possédait le don de la voyance. Don qui lui confirme chaque jour qu’il existe « autre chose » se situant au-delà de nos perceptions habituelles. Reconnue pour son sérieux et régulièrement interrogée par les médias, elle offre aujourd’hui un livre dans lequel elle raconte ses expériences jusqu’aux plus stupéfiantes. Dans ce livre, truffé de témoignages, elle nous invite dans l’intimité de son cabinet de consultation ? Un itinéraire singulier issu de quinze années de voyages dans le passé et l’avenir.
Rencontre avec l’auteur.
Les supports de divination.
Il existe plusieurs techniques de divination. Personnellement, j’utilise le tarot comme support. C’est un outil merveilleux qui permet, par l’interprétation de ses symboles, de révéler le climat vers lequel vous vous dirigez. Il est le miroir du passé, du présent et de l’avenir. Il prévient des obstacles, des opportunités, annonce les grands tournants de votre vie. Si certains événements sont incontournables, d’autres, en revanche, seront décidés par vous. Vous avez le libre arbitre face aux chemins qui se présentent. C’est vous, et vous seul qui choisissez votre route. Je suis comme les phares d’une voiture qui éclairent, vous préviennent, mais au volant c’est toujours vous qui déciderez de la direction à suivre. J’ai également des flashes de voyance. Je ne les contrôle pas toujours, ils viennent spontanément. Parfois ; ce sont comme des « images » de votre vie, des « situations » que je capte. Ces clichés sont intemporels, ils appartiennent au passé, au présent et au futur. Je l’ignore même quelquefois. Ces flashes peuvent aussi être symboliques, il faut alors les décoder. Lorsque la voyance se produit, c’est une sensation, un état, une intuition.
Que peut-on attendre d’une consultation ?
Une consultation n’est pas un passe-temps, ni une attraction de foire. Au contraire, une consultation correcte exige un minimum de temps et de bonnes conditions. Ce n’est pas non plus un système presse-bouton qui fonctionne sur commande. C’est pourquoi au début d’une séance, je vous parle d’événements de votre passé et de votre présent. C’est une sorte de « test ». En cas d’insuccès, il est préférable de ne pas poursuivre. Vous attendez de ma part une aide pour mieux gérer votre vie, j’attends de vous une collaboration. Car une consultation est un échange, une communion. Consulter, c’est comprendre ce qui vous arrive et savoir ce qui vous attend. Préparé, averti, vous serez plus fort pour y faire face. Mon rôle est de vous guider ; comme une boussole vous indique la direction. La voyance doit vous donner les clés qui vous aideront à faire les bons choix au bon moment. La voyance offre des possibilités fantastiques à celui qui sait l’apprécier et l’utiliser.
Extraits.
Qui consulte ? Pourquoi ? Quand ?
Aujourd’hui, on ne se cache plus. On consulte « au grand jour » : hommes, femmes, de tous les âges et de toutes les catégories sociales. En France, un sondage Sofres publié dans l’Express montre que 46% des personnes ayant suivi un enseignement supérieur scientifique, et 54% de celles qui ont fait des études littéraires supérieures admettent l’existence des phénomènes paranormaux. Il faudrait donc arrêter de croire qu’il n’y a que les faibles, les naïfs ou les incultes qui ont recours à la voyance. Il y a quinze ans, ma clientèle était surtout composée de femmes. Aujourd’hui, elle tend à s’équilibrer, je reçois soixante pour cent de femmes et… forcément quarante pour cent d’hommes. Je consulte avec plaisir que les hommes ne logent plus les murs avant de sonner à ma porte. Clientèle de cadres, d’indépendants, évolution de carrière, signature de contrat, investissement immobilier, Chefs d’entreprise ? Une extraordinaire variété de consultants m’interrogent sur un éventail de questions (en jeu politique, vie professionnelle, relations amoureuses…) Depuis deux ou trois ans, je reçois régulièrement des hommes d’affaires. S’ils reviennent, j’en déduis que mes voyances apportent des informations utiles et complémentaires à leur raisonnement. »
La publicité.
Plus le tapage publicitaire est grand, plus vous devez vous méfier. Les publicités du style «Les plus Grands la consultent, pourquoi pas vous ? », ou encore, « Consulté par toutes les stars et par la presse », prouvent que ceux qui paient les publicités manquent de clients ou que ceux qui les consultent ne reviennent pas. Attention ! La dimension de l’étiquette est proportionnelle au danger. (…)Quand on lit que la deuxième Sainte Rita est à votre service vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il y a de quoi sourire ! Ou que Madame Miracle peut changer votre vie ! Chouette alors…Notez, la publicité n’est pas toujours un facteur négatif. Méfiez-vous simplement de ceux qui inondent les journaux chaque semaine de promesses mirifiques. Un praticien qui débute doit se faire connaître, c’est un fait. L’annonce restera sobre et ne promettra ni travaux occulte ni assurance fallacieuses. Un professionnel sérieux n’éprouve pas le besoin de faire du tapage. Il a une clientèle régulière à satisfaire. Sa renommée se fait automatiquement. Naturellement, par la bouche à oreille. C’est le meilleur gage de garantie. »
Le Loto.
« Les chiffres du loto… ça rapporte ! Cet argent qui tombent tout seul du ciel ! (…) Réfléchissons une seconde. Si mes « confrères » (si j’ose dire) connaissaient les numéros gagnants du lot, pourquoi n’y joueraient-ils pas. Moi, si je connaissais la combinaison gagnante du loto du week-end prochain, et bien…je la garderais précieusement et je la jouerais. Je serais sous les palmiers aux Seychelles ! »
Voyance par Téléphone.
« (…) Le contact humain est irremplaçable. Une consultation doit être une rencontre riche, intime. Ceci dit, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de voyants aptes a ressentir des choses « à la voix », mais rien ne vaut le contact authentique et direct. »
Les salons de la voyance.
« (…) j’admets que ce genre de manifestations aide les débutants à se faire connaître du public. Malheureusement, les consultations données dans de telle conditions sont souvent écourtées. Il ne faut pas confondre voyance et fast-food. (…) je trouve cela pénible. Pourrait-on imaginer un festival de la cardiologie pendant lequel un cardiologue recevrait un patient différent toutes les dix minutes ? »
Michou Saerens
Ma Santé
« La voyance est plus une sensibilité qu’un don ! »
Les cheveux courts mais les idées longues, Esméralda Bernard pratique une « voyance rationnelle ». Arrivé à point nommé, son livre « Les yeux de votre destin: confidences d’une voyante » lorgne d’un regard indiscret le trou de la serrure d’un cabinet de voyance: le sien ! Elle dénonce une certaine escroquerie…
Chacun possède une parcelle de voyance que l’on nomme « intuition »…
Quel est l’aspect d’un cabinet de voyance ?
« Pas de petites franges scintillantes ni de statuettes divinatoires…pas de boule de cristal. Je ne suis pas Irma dans sa roulotte. Cela, j’en ris ! Mon bureau a tout de celui d’un quidam ; il n’y a qu’un signe distinctif deux jeux de tarot sont déposés sur la tablette. »
La voyance en tant que professionnelle, comment la voyez-vous ?
« Le terme de « voyance professionnelle » sous-entend la répétition d’un travail avec échange monétaire. Or, cette prestation surtout humaine relève davantage de l’art. Un art qui doit être abordé de manière intelligente et surtout de façon rationnelle, un mot qui peut ressembler à une provocation lorsqu’il est prononcé par une voyante. Pourtant, bien garder les pieds sur terre est primordial : la frontière entre l’imaginaire et les perceptions est déjà si ténue… »
TOUT UN ART
Vos prestations ne sont toutefois pas bénévoles, elles sont payantes…
« Oui, bien sûr…Mais il faut bien savoir que l’article 563, toujours en application, du Code Pénal n’autorise pas les métiers divinatoires. Par contre, la profession de « voyante », mentionnée sur le registre de commerce, dispose d’une reconnaissance fiscale. »
Vous parlez d’art là où d’autres parlent de don…
« C’est un don dans le sens où la personne est douée, dotée d’une sensibilité plus développée que d’autres. C’est-à-dire que là où chacun possède une parcelle de voyance que l’on nomme « intuition »,le voyant dispose d’un terrain plus fertile. »
Voyez-vous donc tout ?
« Euh…non ! (Rires)La difficulté n’est pas de voir une image mais de l’associer à d’autres, de savoir l’interpréter, et surtout de la situer dans le temps, de travailler sur les symboles. Lorsqu’une pensée, un mot ou un chiffre, un cliché, une image, une description vient s’imposer à mon esprit, l’information est brute et je me dois de l’interpréter de façon nette. Mais je ne suis pas infaillible…et je la sais. »
Qu’opposez-vous aux rationnels et aux scientifiques ?
« Je ne m’y oppose pas, et je les comprends même. Ils ont besoin de répétition d’expériences réussies pour pouvoir croire, comme l’eau posée mille fois sur le gaz et qui se mettra mille fois à bouillir lorsqu’elle atteindra les cent degrés. »
ABUS DE CONFIANCE
Que répondez-vous aux sceptiques qui parlent d’escroquerie ?
« Généralement, les mauvais voyants ne fidélisent jamais longtemps leur clientèle. Il ne s’agit jamais de dire des banalités comme « j’entrevois une rencontre importante », mais de décrire des situations en fournissant des signalements précis, de faire preuve d’empathie, c’est-à-dire d’une certaine psychologie, d’aimer les gens… Et puis surtout de ne rien imposer. C’est au client de faire son choix, et, pour cela, de pouvoir conserver son bon sens et son libre-arbitre. Quand à la dangerosité de la voyance, le risque est de créer des situations de dépendance psychologique liée à la confiance donnée par le client. »
Mais vous ne diriez pas, pour autant, que la charlatanisme n’existe pas…
« Il existe et les abus de confiance peuvent être désastreux. Lorsqu’une petite annonce vous promet un retour d’affection à date fixe ou qu’un marabout vous propose, comme à vos amies, de vous désenvoûter, il y a escroquerie ! J’en suis pleinement consciente…Dans ce domaine qui n’est pas réglementé, il y a un peu de tout et beaucoup de n’importe quoi. »
Comment arrivez-vous, arrive-t-on, à faire la part des choses ?
« En créant le comité Delta Blanc, je me propose de défendre mon métier en faisant adopter un code de déontologie afin de fermer la porte à toutes les dérives présentes et à venir. »
Régine Cerfontaine
E5 Mode
LE DON DE VOYANCE
Sa grand-mère était médium. Ses parents l’ont baptisée Esméralda. Prémonitoire? Elle est devenue voyante. Pourtant, rien ne la distingue du commun des mortels : ni chouette sur l’épaule, ni tenue de gitane, ni regard enténébré de khôl…Esméralda Bernard ressemble à votre voisine de palier. Elle possède simplement le don extraordinaire de lire en vous et de « voir » l’avenir. En ce compris les numéros gagnants du lotto ?
La voyance est-elle un don ?
Esméralda Bernard : « Dans mon cas, il existe un facteur héréditaire : ma grand-mère maternelle était médium, ce qui signifie qu’elle recevait des informations par l’intermédiaire d’une « entité. ». Elle entrait en transes et parlait comme sous la dictée de quelqu’un, puis revenait à elle et, la plupart du temps, ne gardait aucun souvenir de ce qu’elle avait dit. Mon milieu familial ne s’en formalisait pas en outre mesure. Chez nous, le paranormal était tout ce qu’il y a de plus normal. Enfant, je n’ai pas ressenti de signes avant-coureurs. Mais plus tard-je gérais alors une boutique de prêt-à-porter pour dames- j’ai commencé à recevoir un afflux d’informations dont je ne savais pas très bien que faire et qui me perturbaient. Je me sentais devenir sauvage, très désordonnée. J’ai décidé de fermer boutique et, à 23 ans, je me suis installée comme voyante. »
Professionnellement, cela s’est-il avéré judicieux ?
E.B. » Oui. Je ne cherche pas à multiplier les consultations, mais mon agenda est complet pour les six mois à venir. »
Etes-vous compétente dans tous les domaines ?
E.B. : Non, bien sûr. Tout comme je suis sujette à l’erreur. Dans ce métier, il ne faut jamais perdre de vue que l’on détient une responsabilité importante. Il convient donc de ne pas dire n’importe quoi. Je peux pressentir que la personne qui me fait face aura des problèmes de santé, mais sans pouvoir poser le moindre diagnostic. Dans ce cas, je lui recommande d’être attentive et de consulter un médecin. Je travaille par ailleurs avec plusieurs sociétés de recrutement. Les indications qu’elles recueillent par mon entremise doivent leur être très utiles puisque notre collaboration se poursuit. »
Les femmes et les hommes témoignent-ils de préoccupations différentes ?
E.B. : « Les hommes me consultent généralement à propos de leur vie professionnelle. » « J’ai le projet de créer tel type de société. Est-ce opportun » ou « Je veux donner à ma carrière telle orientation nouvelle, telle impulsion. Ai-je raison ? » ou encore « Je songe à m’expatrier. Quid ? » Un de mes clients, qui me consulte depuis dix ans, s’est installé en Nouvelle-Zélande et continue de me solliciter. Les femmes, elles, se montrent plus soucieuses de leur vie affective. »
Vous avez une préférence ?
E.B : « J’apprécie beaucoup la clientèle masculine. Ses besoins sont plus précis, plus concrets et j’en retire un sentiment de participation plus réelle. »
Comment se passe une consultation ?
E.B : « Si vous fantasmez sur la boule de verre, sachez qu’il s’en trouve bel et bien une dans mon cabinet, mais mise en retrait, discrète. Sur ma table, son présents une bougie et des jeux de tarot.
J’allume la bougie par rituel personnel ; elle ouvre une porte symbolique. Le tarot me rassure ;Il représente quelque chose de matériel sur lequel je m’appuie. Il constitue une rampe de lancement, un système divinatoire qui répond bien et de manière constante. La séance n’excède jamais une durée d’une heure, une heure quart. »
Par quel nom désignez-vous vos « clients » ?
E.B : « Je les appelle consultants. Certains me sont fidèles depuis 15 ans. Il se construit une intimité vraie, mais qui n’altère pas la qualité de la relation. J ‘insiste pour qu’ils gardent leur autonomie. Un voyant digne de ce nom est là pour donner une leçon de liberté. »
Le paranormal est-il normal ?
E.B : « Le paranormal n’est rien d’autre que le normal non encore expliqué. A quel moment les choses cessent-elles d’être normales ? Chacun de nous possède ses propres normes. Je continue d’être émerveillée de « voir », mais je ne trouve pas cela anormal. Si nous acceptions que ce phénomène existe et qu’il fait partie de nos capacités humaines, un grand pas serait déjà franchi. »
A l’évidence, ce n’est pas le cas.
E.B : »Il existe encore des rationalistes butés qui crient au truquage. S’ils acceptent le dialogue, voire la confrontation, je vais à leur rencontre. J’ai d’ailleurs participé à divers débats et émissions qui réunissaient des scientifiques, des sociologues et autres psychothérapeutes et j’ai pu constater que mon discours ne les laissait pas indifférents et que certains a priori disparaissaient. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je participe à ce genre de rencontre. »
On ne peut tout de même pas nier qu’il existe des charlatans !
E.B : « Non bien sûr. Et il faut les dénoncer. On me fait parfois le reproche d’être trop médiatisée, mais il existe une raison à cela :je suis décidée à donner un solide coup de balai afin d’instaurer une déontologie dans un domaine où elle fait cruellement défaut. Comment ose-t-on prétendre, par exemple, que l’on est capable d’assurer à date fixe le retour de l’être aimé ? Les médias qui acceptent de diffuser ce genre de publicité sont complices. J’ai eu récemment la visite d’une dame qui avait donné des sommes considérables à un prétendu voyant et qui, devant l’absence de résultats, avait décidé de mettre un terme à ses consultations. Elle a reçu des menaces. Je lui ai conseillé d’aller déposer plainte auprès de la police. Les agents qui l’ont reçue se sont moqués d’elle… »
Avez-vous déjà été en rapport avec la police ?
E.B : « Elle me consulte régulièrement, mais de manière absolument officieuse. Il n’est pas rare que, sur mes indications, les enquêteurs qui relisent les procès-verbaux et autres documents découvrent le sens caché de certains éléments, voient des pistes qui, bien que se trouvant sous les yeux, ne leur étaient jamais apparues. Au contraire d’un radiesthésiste, je ne désigne pas d »endroit précis, mais je vois un environnement. »
Pourrait-on vous assimiler à une sorte de gourou ?
E.B. « J’ai des perceptions extrasensorielles qui se situent tout à fait en dehors des phénomènes de convictions philosophiques ou religieuses. Quand je «vois », je me trouve en état de conscience modifié. Je n’ai bien entendu nulle intention de gouverner la moindre âme. Les gens qui consultent ne doivent jamais perdre leur libre-arbitre, ne jamais se sentir obligés de réaliser une prédiction. Je sème une petite graine ; elle fait son chemin. »
Vos responsabilités se voient-elles accrues lorsqu’il s’agit d’amis ?
E.B. « Je n’accepte jamais que mes amis me consultent. Et ils râlent copieusement. Si je vois qu’un couple est en train de se défaire, je suis extrêmement prudente et n’interviens pas autrement si d’aventure je le fais- que par l’une ou l’autre question sur l’opportunité pour eux de continuer à cheminer ensemble. »
Une voyante peut-elle connaître le coup de foudre ?
E.B. « La question s’adresse d’abord à la femme de quarante ans, qui ne réagit plus de la même manière qu’à dix-sept ans. Le temps nous transforme toutes. Souvent, la voyante sait et la femme doute. Pour ce qui concerne ma propre vie, j’ai souvent des informations en rêve. Le coup de foudre ? Oui. Je suis restée passionnée, ce qui est la caractéristique du bélier ascendant lion. J’ai étudié l’astrologie durant deux ans ; il s’agit d’un bel outil de connaissance de soi et des autres. »
Pourquoi parle-t-on plus souvent de voyante que de voyant ?
E.B. « Parce que l’intuition est féminine et plus facilement acceptée de la part d’une femme que celle d’un homme. Au fil du temps, la femme a été obligée de faire montre d’intuition, puisqu’elle n’avait pas accès au savoir. A une certaine époque, même, les plus douées étaient considérées comme des sorcières et finissaient sur le bûcher… »
Marc Emile Baronheid
Gael
Back to the Future
Ce que l’avenir nous réserve, Esméralda Bernard peut le voir. Dans sa tête et dans ses cartes. De sa grand-mère médium, elle a hérité ce talent dont elle use avec prudence et sincérité.
A la sortie d’Aywaille, son village natal qu’elle n’a jamais voulu quitter, la maison d’Esméralda est toute petite. Si petite qu’on a presque l’impression de pénétrer dans une maison de poupées. Sauf que les objets d’art ethniques qui la décorent n’ont rien d’enfantin malgré leurs airs naïfs. Le petit salon aux couleurs éclatantes contraste avec le cabinet lilliputien à l’atmosphère intimiste. Une impression de sobriété et de modestie imprègne cette habitation pas tape-à-l’œil pour un sou. Rien à voir avec un antre de Madame Irma. Tout comme Esméralda, malgré un prénom prédestiné, n’a rien de l’archétypale voyante de foire enturbannée, enjuponnée, bijoutée et entourée de grigris, interrogeant dans la pénombre son tarot ou sa boule de cristal à la lueur tremblante d’une bougie.
Sous le signe de la passion
La quarantaine épanouie, Esméralda est une femme moderne en pantalon de cuir, souriante, impeccablement brushée, manucurée et fière de son âge : « A quarante ans, on est plus mûre, plus philosophe. Et je suis toujours aussi enthousiaste et pleine de projets » Normal : elle est bélier ascendant lion, née sous le signe du feu, de la fougue, de la passion. Et si elle allume une bougie au début d’une consultation, c’est symbolique : « Quand j’allume ma bougie, je pénètre dans un autre monde, je suis tout entière à la personne qui est dans mon cabinet ; J’entre dans sa vie et je sors de la mienne. Quand je l’éteins, c’est comme si je refermais une porte. » Et quand elle est en vacances, elle fait le black-out. Jusqu’a 20 ans, Esméralda n’a jamais rien « vu » A l’époque, elle était une jeune fille accro à la mode qui travaillait dans le prêt-à-porter. Jusqu’a ce qu’une sœur de sa grand-mère (disparue et inconnue d’Esméralda ) vienne lui annoncer en rêve la mort prochaine de celle-ci, que rien ne laissait présager. Prémonition qui s’est révélée exacte. Elevée dans un univers féminin et aux côtés d’une grand-mère médium dont elle était très proche, la jeune fille a accueilli cette faculté sans sourciller : « L’intuition est la part visible de voyance que chacun a en soi. Tout le monde possède ce don. Mais si on ne l’accepte pas, on ne le développe pas. A partir du moment où j’en ai pris conscience, il m’était impossible de poursuivre ma route dans le prêt-à-porter. » De plus, quand une cliente entrait dans la boutique, Esméralda sentait, voyait des choses la concernant et ne pouvait rien dire. Frustrant.
Conscience professionnelle
Elle commence donc sa carrière de voyante. Elle apprend à canaliser ces flashes « sauvages » afin qu’ils ne s’expriment qu’en consultation et envahissent pas toute sa vie. Et voilà 20 ans qu’elle exerce. Avec méthode, dit-elle. Et une grande conscience professionnelle. « Je débute chaque consultation par un test pour voir si je capte bien la personne. Si ce n’est pas le cas, on s’arrête là. Pour chacun, j’établis une fiche avec mes prédictions. C’est ce qui me permet d’évaluer mon travail, de vérifier mon taux de succès que j’estime à 80 %. Et je suppose que si j’ai énormément de clients qui reviennent, c’est que je ne raconte pas trop carabistouilles » Car oui, Esméralda a des clients qui la consultent depuis 20 ans. Et cette fidélité, dit-elle, c’est sa plus bel récompense. D’ailleurs, n’essayez pas – sauf réelle urgence – d’obtenir un rendez-vous la semaine prochaine : son agenda est rempli jusqu’à fin avril. Esméralda est aussi la fondatrice de l’association « Delta Blanc » , destiné à faire le ménage dans la profession et à édicter des règles d’éthique que tout(e) voyant(e) honnête devrait s’engager à respecter. Parce que l’éthique est un des ses deux chevaux de bataille. Le second est de lutter contre l’agaçant costume de madame Irma qu’on taille à ceux qui possèdent le don de voir. C’est pourquoi elle accepte de se prêter à des expériences en présence de scientifiques. Et même parfois devant les caméras, comme lors d’une émission de la RTBF où on lui demandait de décrire des enveloppes. Sa description de l’une d’entre elles correspondait aux deux tiers. Pour elle, une belle victoire. Mais ça n’a pas suffi à convaincre le sceptique de service. « La voyance n’est pas reproductible à souhait. Je ne suis pas un distributeur de boissons, proteste Esméralda. D’ailleurs, je le dis d’emblée à mes clients. Parfois je ne vois rien. Dans ce cas, on en reste là et ils ne payent pas.
Flashes
A côté des flashes, visions polysensorielles qui lui font ressentir la douleur, une odeur, un goût ou une texture, la chaleur…, Esméralda s’appuie sur les tarots pour situer ses prédictions dans le temps. Serions-nous vraiment les jouets du destin ? « Nous avons des rendez-vous avec lui. Grâce à la voyance, on peut s’y préparer. Aborder les choses autrement même si on ne peut pas les éviter ». A nous, elle n’a rien prédit. Elle annonce très clairement la couleur dans son livre(1) : elle a horreur des profiteurs qui essaient d’avoir vite une petite voyance à l’œil. Pourtant, on ne peut pas dire qu’elle soit cupide. Pas plus de 3, maximum 4 voyances par jour : il faut une bonne demi-heure pour récupérer entre chaque séance. Elle consacre une heure et demie à chaque consultation et demande 55 Euros. « Je pourrais demander beaucoup plus, mais l’argent n’est pas un but en soi. Il est juste nécessaire pour vivre confortablement ».
Isabelle de Naeyer
Parents
A LA UNE Esméralda Bernard
Par amour pour Victor Hugo, ses parents ont choisi le prénom d’Esméralda ».A l’époque, ils ignoraient que leur fille allait développer un don mystérieux, méconnu et fascinant. Esméralda, dynamique liégeoise quadragénaire, est voyante.
Coup de gueule et coup de coeur
» Mon livre est un coup de gueule car j’en ai marre d’être assimilée à Mme Irma. J’ai envie de dépoussiérer cette caricature de la voyante mais aussi de répéter que je ne suis ni escroc, ni folle. Même si mon métier n’est pas reconnu légalement, je paye des impôts, je suis soumise à la TVA et j’ai un registre de commerce ! Mon bouquin est aussi un coup de coeur car, je vis une belle aventure et je pratique le plus beau métier du monde ! Quand je révèle ma profession, les gens sont mal à l’aise, me fuient, craignant que j’annonce des catastrophes. Ou alors, ils ne me lâchent plus, me quémandant sans cesse des conseils. Heureusement, je n’ai quasiment plus de » flashes sauvages « , qui surgissent brutalement ! J’ai appris à me contrôler.
Talents de Famille
» J’ai grandi entre ma mère et ma grand-mère. Un environnement de femmes où l’intuition, la voyance, la médiumnité n’était pas taboues. Tout le monde a la capacité de ressentir certains éléments mais notre éducation interdit de développer ce don. Moi, on m’a permis de l’accepter, de le travailler et donc de l’améliorer »
Une communication mystérieuse
» Jusqu’à 5,6 ans, tous les bambins ont des capacités extra-sensorielles. La preuve, ils parviennent à communiquer avec leur maman, sans prononcer un mot ! Puis, on les incite à rejeter ces perceptions, en affirmant : » C’est ton imagination ! « .
Les erreurs des prédictions
» Le voyant met des mots sur ce qu’il ressent, sur une image, un mot… Puis, il interprète avec l’aide du consultant. Plus on avance, plus on accepte ses limites, plus on parvient à dire : » Je n’en sais pas plus, ne me posez pas d’autres questions, même si je comprends votre attente « . Si le client réclame trop de détails, on a tendance à en rajouter ! Les erreurs existent mais elles dépendent aussi de ce qu’on retient ou de ce qu’on accepte d’une telle séance ! Pour moi, les prédictions offrent la possibilité d’agir et non de subir. Si je vous annonce la faillite de votre entreprise, vous avez le choix entre attendre le dépôt de bilan ou commencer à chercher un autre job. »
Travailler avec des scientifiques
» Vers la fin de l’année 2003, j’aimerais me soumettre à des tests de laboratoire. J’en ai déjà subi (volontairement !) pour l’émission « Matière grise » de la RTBF, là je devais deviner ce que représentaient des cartes cachées dans des enveloppes. J’ai assez bien réussi cette épreuve même s’il est toujours perturbant de travailler devant des caméras ! Mon objectif ? Me mettre en danger mais surtout comprendre comment ça marche, dans quelles zones cérébrales se situent les émotions… Je suis persuadée qu’un jour, on parviendra à réconcilier le spirituel, l’intuition et la raison « .
Première visite après la maternité
» Je me souviens d’une cliente chez qui j’avais » vu « , avec certitude, un bébé. Elle avait déjà eu plusieurs F.I.V., sans succès. Elle désirait abandonner les essais mais ma vision l’a encouragé à poursuivre. Finalement, un superbe petit garçon est né et est venu me voir à sa sortie de la maternité. Je lui avais prédit une » coupure et un nouveau né coloré « . Elle a subi une césarienne et son tout-petit a présenté une jaunisse… »
Une association de défense
» J’ai fondé » Delta Blanc » afin de regrouper des praticiens adhérant à une charte de qualité. L’association existe depuis 6 ans, édite un magazine et regroupe plusieurs voyants. Ceux-là s’engagent notamment à ne pas effectuer de prédictions par téléphone, à se limiter à un tarif variant entre 45 et 65 eus pour une heure de consultation… »
Michèle Rager
Le Soir Magazine
L’étrange voyance d’Esméralda
« Le paranormal, c’est du normal qui n’est pas encore expliqué », dit la voyante.
Une bougie, des cartes, et l’aventure paranormale commence dans le petit bureau de la voyante d’Aywaille, Esméralda Bernard
Elle allume une bougie et aligne sur le petit bureau de bois des cartes de tarot usées par mille et une manipulations. Esméralda commence à parler. Durant une dizaine de minutes, elle dit les images qui la traversent, les odeurs qu’elle sent, les bruits qu’elle entend, les sensations qu’elle éprouve et les informations que les cartes lui transmettent. Puis elle s’interrompt et s’enquiert de savoir si ses propos sont exacts, si vous voulez qu’elle poursuive. Vous refusez, et vous voilà reparti sans avoir payé les 55 euros que coûte une séance de voyance. « Il m’arrive de ne pas sentir une personne ». dit Esméralda Bernard. « A peu près une fois par semaine, je demande à la personne qui vient me voir de repartir parce que ce que je dis ne s’avère pas pertinent. »
Par contre, si le contact s’est bien établi, et si vous désirez poursuivre l’entretien, vous voilà embarqué pour une heure, une heure et demie d’aventure paranormale. Et les surprises ne manquent pas… Elles sont loin d’être spectaculaires ; point de mise en scène, de musique ou de lumière étranges, point de grisgris ou de foulard de madame Irma, point de transe non plus, ni d’yeux révulsés ou de voix d’outre tombe, m ais une jeune femme blonde de 43 ans en chemisier blanc et pantalon noir, qui parle posément et de façon imagée. Si ses paroles ne sont pas précises, si elles nécessitent une certaine interprétation personnelle, elles semblent, en ce vendredi de décembre, d’ une incompréhensible pertinence. Esméralda Bernard put percevoir le trouble de santé d’ un membre de la famille, un changement de vie, des décisions professionnelles déjà prises ; elle put décrire le tempérament d’ un proche, comme si elle le connaissait depuis toujours, sans qu’aucune parole ne vint infirmer ou confirmer ses « visions ». Tout ne fut pas exact, loin de là. Elle se trompa parfois, dit des généralités aussi, mais, à plusieurs reprises, les propos de la voyante furent subjectivement, reliés à des faits de vie précis sans que ceux-ci ne soient explicitement nommés, décrits et détaillés ? Des paroles furent perçues comme exactes sans que leur flou, leur caractère général ou leur composante imaginée ne puissent expliquer cela. Il n’en reste pas moins que, rationnellement, les perceptions de la jeune femme restent incompréhensibles. « Moi non plus, je ne comprends pas ce qui se passe », dit la voyante d’Aywaille. « Et je suis prête à collaborer avec des scientifiques pour qu’ils puissent expliquer le don que j’ai. Je pense d’ailleurs qu’un jour, la science parviendra à expliciter le paranormal. Aujourd’hui, pour l’éclairer, je dirais que tout le monde a une parcelle de voyance : l’intuition. »
Recherches scientifiques
De nombreux scientifiques se sont déjà penchés sur les phénomènes paranormaux. La télépathie, par exemple, a été positivement expérimentée en laboratoire puisque, dès 1927, les recherches de Joseph Banks Rhine, à l’université de Duke, aux Etats-Unis, mirent au point le test de Zener basé sur un jeu de 25 cartes présentant 5 symboles simples, une étoile, une croix, un cercle, un carré et 3 lignes en noir et blanc. Une personne tire une carte, focalise sa pensée sur son destin et une autre personne, installée à distance doit identifier le dessin que voit la première. Répétée des milliers de fois pour éviter le hasard, le test de Zener donna des Résultats qui dépassèrent le seuil de réussite que l’on peut accorder au simple hasard ou aux coïncidences. Comme le relate Michel Blanc dans l’encyclopédie Universalis, Rhine fit avec un de ses étudiants une expérience des plus concluantes puisque sur 1850 tirages successifs, H.E. pearce parvint à dire 558 fois quelle carte avait tirée alors que la probabilité pour que le résultat soit dû au hasard est de 10-22.Mais ces résultats n’empêchent pas une totale incompréhension de leur fonctionnement. De multiples explications ont été avancées : implication des couches inconscientes du psychisme, vibrations, mouvements de particules atomiques, dialogues cellulaires, ondes électromagnétiques, etc. Mais, sans qu’aucune ne soit convaincante, condamnant dès lors la télépathie à rester un phénomène illusoire et imaginaire. Un des plus important obstacles à l’étude du paranormal en général et de la voyance en particulier, c’est son caractère non reproductible. Une séance de voyance est directement dépendante du contact qui se crée entre la voyante et la personne qui la consulte. De plus, il a été observé qu’une personne sceptique influence négativement le déroulement d’une expérience extra – sensorielle. Non reproductible, dépendante de l’attitude des personnes qui participent ou observent l’expérience, elle est non scientifique et, par conséquent, n’est pas acceptée dans nos sociétés marquées par le rationalisme. La séance de voyance chez Esméralda n’en reste pas moins troublante…
Joëlle Smets
Esméralda, une voyante atypique
Elle reçoit quatre fois par jour et pas davantage : « pour pouvoir se retrouver et ne pas passer ses journées dans la vie des autres ». Elle demande 55 euros par séance, et vous renvoie si le début ne se révèle pas fructueux. Elle ne participe à aucun salon de la voyance « car il y est impossible de faire du bon travail. » Elle refuse de recevoir ses amis ou sa famille car elle sait trop de choses sur eux. Elle veut comprendre ce qui se passe quand elle est traversée par ses « visions ». Elle ne fait pas de publicité, ni ne promet de retour d’affection. Décidément, Esméralda Bernard n’est pas une voyante comme les autres. Et c’est cette différence qui la fait mener son combat contre toutes les voyantes qu’elle considère comme charlatans. Il y a 7 ans, la jeune femme fondait Delta Blanc Belgique, une association désireuse de promouvoir une éthique dans la pratique des arts divinatoires. Ainsi, les praticiens qui adhèrent à l’association (une dizaine sur la centaine qui ont demandé à y entrer) sont reçus s’ils respectent les 5 articles déontologiques suivants : conserver le secret professionnel, s’entretenir directement et physiquement avec son client (pas de voyance par téléphone, internet…),communiquer ses tarifs à l’association et annoncer le prix au client, lors de la prise de rendez-vous, ne pas prendre plus de 5 rendez-vous par jour, et dernier point, ne pas faire de publicité tapageuse ou mensongère. Outre ces 5 points, il est aussi un engagement éthique pour toute personne s’affiliant à Delta Blanc : combattre le fatalisme et faire naître le sens de la responsabilité chez le consultant, orienter vers d’autres disciplines si survient un problème non résolu, s’interdire tout diagnostic réducteur sur l’avenir, respecter les conventions politiques, religieuses ou morales, ne pas appartenir à une secte…
Joëlle Smets
Point de vue
Profession voyante
Elle a le « don » depuis 20 ans et se bat pour rendre crédible un métier, souvent discuté et parfois discutable, et en éloigner les charlatans. Un vrai combat qu’elle raconte dans un livre.
Esméralda : pour une voyante, le prénom est trop beau pour être vrai et pourtant…Depuis vingt ans, Esméralda Bernard habite et consulte à Aywaille, dans la province de Liège. Ce qui ne l’empêche pas de sortir un livre à Paris : « Je ne me suis pas inquiétée en l’écrivant : je savais que je serais publiée. Tout comme je sais déjà qu’un deuxième volume suivra le même chemin. » « Si elle a pris la plume, c’est dans le but de remettre certaines pendules à l’heure: « Il est grand temps de démystifier la voyance. On l’associe souvent à la superstition ou à l’escroquerie, ce qui est, hélas ! parfois le cas. C’est la raison pour laquelle je me bats pour que ce métier soit reconnu. Je voudrais aussi que les clients comprennent que nous avons des limites et qu’il ne suffit pas de pousser sur un bouton pour obtenir des prévisions. Il m’arrive de ne pas ressentir de déclic avec quelqu’un et, ainsi, de devoir mettre fin prématurément à l’entretien. Je possède une faculté naturelle, mais imparfaite, qui peut aussi avoir des caprices. « Le tout est d’y croire…
Dans le but d’apporter durablement un crédit à un milieu qui en manque, Esméralda Bernard a créé, voilà sept ans, Delta Blanc, une association à l’entée de laquelle il faut montrer pattes…blanches : « Elle regroupe des praticiens des arts divinatoires. Une centaines de personnes a souhaité y adhérer : une vingtaine a été accepté. Nous avons instauré un code de déontologie que chacun s’engage à respecter. Nous nous élevons notamment contre les séances à la chaîne. Moi, je ne reçois pas plus de trois ou quatre personnes par jour ».Elle reconnaît que, lorsqu’elle scrute l’avenir de ses interlocuteurs, elle est incapable de fournir des indications précises quant aux délais : . « Je comprends que les gens en soient perturbés car ils viennent me demander s’ils vont trouver du travail, par exemple, ils veulent savoir quand cela se passera.
Grâce au tarot, je puis seulement fournir des fourchettes. » Les ondes qui passent sont parfois obscures. En dehors de ses « heures de bureau », elle a de moins en moins de ces « flashes » qui, autrefois, lui ont perturbé l’existence : « Je pouvais difficilement croiser quelqu’un sans capter une image le concernant. Au fil du temps, j’ai appris à me dominer, à m’ouvrir et à me fermer quand je le désire. » Elle recommande la plus extrême prudence vis-à-vis de ceux et de celles qui jurent « voir » au téléphone : » Plus vous restez en ligne, plus vous payez. Chez moi, les visites durent entre soixante et nonante minutes pour 55euros ». Un client averti en vaut deux…Sa réputation a largement dépassé les limites de sa région. L’agenda d’Esméralda Bernard l’atteste : il est bouclé jusqu’à la fin du mois d’avril. Pour le coup, c’est à vous de voir …
Marc Pasteger
L »Événement
Et si le paranormal c’était du normal pas encore expliqué…
Esméralda Bernard, voyante de profession, habite Aywaille à la porte des Ardennes belges. Dans l’appartement où elle vit et reçoit ses consultants, pas de chouette en vue, ni de boule de cristal. Sur la table, deux jeux de tarots déposés à côté d’une photo de sa grand-mère maternelle qui était médium…
Lui aurait-elle transmis son don ? C’est en effet, peu après le décès de son aïeule, en 1981, qu’Esméralda- c’est son vrai prénom ! -A ses premières prémonitions. A ses yeux, la voyance n’a rien de surnaturel. Au contraire, c’est une faculté naturelle, un mode de connaissance et de sensibilité perçu différemment. Quelque chose d’impalpable qui dépasse notre compréhension actuelle. « il y a à peine 300 ans, on m’aurait brûlée …Dans 100 ans, une partie de ces phénomènes sera expliquée et même utilisée. Moi, je me trouve entre deux époques et ce n’est pas facile à vivre. » D’autant qu’il y a beaucoup d’escroqueries à la divination. Certains champions de l’arnaque se servent de leur pouvoir de manipulation pour en faire un business honteux. C’est pour contrer ces pratiques nuisibles qu’Esméralda a créé, en Belgique, en 1996, le pendant belge du Delta Blanc, animé en France par la voyante Maud Kristen, dans le souci du respect d’un code de déontologie et le désir de sortir les arts divinatoires de l’obscurantisme.
Esméralda Bernard, comment êtes-vous devenue voyante ?
Chez moi, cette faculté s’est déclenchée brutalement. Presque du jour au lendemain, je n’ai plus « fonctionné » de la même manière. Je voyais, sentais ou entendais des informations concernant la vie de certaines personnes que je rencontrais. Comme si « j’entrais » dans leur vie sans y être invitée. Cette
Faculté, j’ai dû apprendre à la gérer. Aujourd’hui, j’oublie les trois quarts de mes prédictions. J’ai développé une amnésie protectrice. J’ai surtout compris et accepté les limites de la voyance, et appris à mieux la contrôler. Maintenant, je peu faire du shopping au supermarché, sans « voir » que la dame qui me précède à la caisse s’est disputée le matin avec son patron.
N’y a-t-il pas beaucoup de « trucs » pour favoriser le travail d’une voyante, des phrases du style « je vois une personne qui vous perturbe » ou « un voyage à l’étranger vous fera du bien » pour ouvrir la porte à ces confidences qui, en extrapolant avec un peu de psychologie, permettent de « voir » le passé ou le futur du consultant…
Il y a voyance et voyance. Personnellement, je demande au consultant de se taire. Cela me permet de savoir si je le capte bien. Mais certaines situations ont déjà été vécues ou sont à vivre. Pour me situer dans son vécu, j’exprime alors des affirmations interrogatives. J’ai besoin que la personne me confirme si je vois juste. Après 10 minutes, si ce n’est « pas correct », on ne poursuit pas la séance. Et je ne demande pas d’honoraires. La voyance « pure » ne tient aucun compte des heures de bureau. Comme un romancier peut être à court d’idées, la voyante peut subir une panne de perception. C’est une faculté capricieuse. Les réussites fréquentes n’empêchent pas l’échec. Raison pour laquelle il est indispensable et prudent de faire un test par lequel je vérifie immédiatement si oui ou non je capte correctement la personne. Imaginez que je dise à une mère de famille mariée que je la vois célibataire aux côtés d’un petit chat. Cela n’aurait aucun sens. Poursuivre serait inutile. Par ailleurs, la voyance n’est pas reproductible à souhait. C’est ce qui la rend si difficile à étudier sur le plan scientifique. Un jour, une rationaliste a dit à André Malraux, intéressé par les phénomènes parapsychologiques, « Je ne crois ni au spiritisme, ni à la voyance, ni à la parapsychologie, car il est impossible de renouveler les phénomènes et expériences à volonté». Malraux répondit : « Les artistes non plus ne contrôlent pas leur don… . Et il ajouta cette phrase de Victor Hugo : « C’est bien moi qui ait écrit Olympia, mais je ne l’écris pas tous les matins ». Tout comme l’intuition, la voyance est spontanée. Ceci dit, il y a des techniques de respiration et de méditation qui peuvent favoriser l’état de perception. Personnellement, je vais me prêter à des expériences en laboratoire. Pour que l’on parle de la voyance d’une façon plus objective, Pour sortir de l’image « Madame Irma ».
Quand le voyant est, un peu comme le paysan de votre histoire, celui qui indique, entre deux routes entre lesquelles on hésite, celle qui lui apparaît comme la meilleure, pourquoi pas… Sa subjectivité vaut celle d’un autre. Son intervention peut sans doute être bénéfique pour redonner de l’espoir à celui qui est dans la dèche. Mais pourquoi annoncer la mort ? A une jeune femme qui demandait si elle aurait des enfants, un voyant a répondu « oui, un » et après hésitation il a ajouté « mais vous le perdrez ». A 35 ans, elle a eu une fille. Depuis sa naissance, elle vit dans l’angoisse de cette mort annoncée.
N’est-ce pas scandaleux ?
Bien sûr. Dire le meilleur, c’est facile. La voyance doit être utile. Annoncer un décès n’a rien de constructif. Sauf s’il s’agit de préparer une personne à accompagner à s’en aller un proche gravement malade. Pour lui donner encore plus d’amour avant son départ et mieux accepter la séparation qui s’annonce. En voyance, la frontière entre passé et présent n’existe plus. Les images sont « hors du temps », il est dangereux de s’aventurer à donner des périodes précises. Mais insister sur le fait qu’un parent âgé pourrait disparaître, c’est apprendre à se préparer à ce manque et rappeler qu’il y a peut-être des choses importantes à se dire. Pendant une séance de voyance, j’avais vu le fils de la consultante faire un bond au-dessus de sa moto. Je lui ai dit « Votre fils va prendre une pelle ». Un mois plus tard, il se tuait en moto. La personne m’en a voulu. Pour elle, j’étais la responsable, j’aurais pu l’éviter. Mais je ne savais pas l’impact de cette chute. Il aurait pu s’en sortir avec un pied cassé. Je serais inconsciente et intellectuellement criminelle si j’annonçais à une mère la mort de son enfant. Tout d’abord, le risque d’erreur existe. Ensuite, je serais sans doute incapable de situer l’événement dans le temps. Qui peut m’affirmer que cette prédiction changerait le cours du destin ? Etre averti de choses sur lesquelles on peut agir, c’est constructif. Mais pas n’importe quoi, ni n’importe comment.
Un voyant ne devrait-il pas se limiter à n’annoncer que des choses positives ?
Une séance de voyance doit rester constructive, même si le message délivré peut-être difficile à vivre. Au fil des ans, je me suis rendu compte que j’étais parfois capable de « sentir » des points et des zones fragiles. Je n’ai pas la prétention de soigner. Il ne me viendrait même pas à l’esprit de prescrire un remède. Mon rôle s’arrête là où celui du médecin commence. Mais il faut admettre que les facultés extrasensorielles permettent de ressentir un problème qui touche à la santé. Dans ce domaine, comme dans les autres, il ne faut jamais mentir, mais toujours terminer sur du positif. Il y a une manière de dire les choses. Tous les praticiens qui adhèrent à l’association Delta Blanc ont eu un entretient avec un psychologue-conseil. Consulter ne veut pas dire renoncer. Au contraire, en étant éclairé, on peut modifier les conséquences et gagner du temps. Quand on connaît les choses, on peut agir. Dans la vie, je ne crois pas au hasard. Je pense qu’il n’y a que des rendez-vous avec le destin. Le consultant vient vers moi en confiance. Cette confiance, je dois m’en montrer digne. Ne pas tricher. Ainsi, si l’entreprise qui vous emploie va fermer ses portes, j’estime que je dois vous en prévenir. La voyance permet de quitter le navire au bon moment, avant le naufrage. C’est ainsi que je perçois la façon d’utiliser une prédiction. Il y a une façon de dire les choses. J’appelle cela l’intelligence du cœur. Mon but est d’aider la personne qui me consulte pour qu’elle évolue. Si elle revient me voir pour le même problème, c’est que je ne lui apporte rien. Il m’arrive de rencontrer des personnes pour lesquelles je ne puis rien faire. Je les dirige alors vers un thérapeute ou vers une autre discipline appropriée.
Notre avenir serait-il inscrit comme sur une bande magnétique. Sommes-nous prédestinés ? Où est notre libre arbitre ?
Une partie, oui. Mais pas tout. A quoi servirait de consulter une voyante si l’on ne pouvait jamais rien changer à son destin ? Le fait de connaître un événement permet de mieux l’aborder. Si l’on vous dit « votre société fera faillite dans deux ans », cela vous permet de construire progressivement une alternative professionnelle. Il en va de même pour mes prédictions. Lorsqu’elles sont inscrites comme réalisables, C’est à vous de les mettre en action. Sans cela, rien ne se passera. J’avais dit à Paul que je voyais un emploi se dessiner pour lui dans le domaine des chiffres. L’année suivante, toujours au chômage, il revient me consulter. Rien n’a changé dans sa vie. « Rien ne s’est présenté ? » « Si. Je pouvais être engagé comme employé au service de facturation de mon beau-frère. Mais j’ai refusé, car c’était trop loin de mon domicile. » J’avais bien capté la possibilité. Un train s’arrête. On est toujours libre de le prendre ou de le laisser partir…
Les prédictions géopolitiques, les voyances mondiales ne sont pas vraiment votre préoccupation. Pourtant dans votre livre, vous racontez que depuis trois ans vous voyez en rêve des scènes qui vous effraient. Comme si la terre était noyée et éventrée à la fois. Vous dites avoir vu des villes détruites, un fanatisme religieux délirant. Rien de réjouissant…
Mais j’ai vu aussi, dans un demi-sommeil, des gens en blanc, tenant en main des milliers de petites bougies. Deux courants. D’une part, le danger qu’il faudra affronter et de l’autre, une renaissance authentique avec une société qui développera la raison et le spirituel. Tout est encore possible. Un éveil général peut nous sauver. J’appelle cela l’Espoir. Nous sortons se siècles de matérialisme durant lesquels on nous a persuadés que nous vivions selon des codes binaires. C’était blanc ou noir, masculin ou féminin, raison ou intuition, cartésien…ou rien. Or, la raison ne peut répondre à tout. La science devait apporter le progrès, le bonheur, et voilà prise dans un tourbillon technologique. L’homme analyse, raisonne, gagne en logique mais perd en bon sens. Il part à la conquête de l’espace…alors qu’il ne connaît pas encore la Terre. Pire, il l’endommage à grands coups de pollution. Pensez à la maladie de la vache folle, aux hormones dans le veau, aux porcs nourris avec des aliments transgéniques … L’homme a voulu emprisonner la nature et mettre la vie en équation. Les changements que nous vivons ne nous permettent plus de faire marche arrière. C’est là qu’une éthique et une prise de conscience auront grand intérêt. Notre société nous échappe, elle est malade. Quand l’humanité sera complètement en danger, alors elle prendra possession des connaissances cachées pour sauver la Terre. La sauver en réconciliant l’intuition et la raison sera l’enjeu du 3ième millénaire.
Le livre « Les yeux de votre destin » qu’Esméralda Bernard vient de publier chez Grancher aurait pu être sous-titré : « Réponses intelligentes à toutes les questions que vous vous posez concernant la voyance ». Elle y explique, notamment son drôle de métier, l’influence des rêves,les risques d’erreurs, qui consulte et pourquoi, comment éviter les pièges de certains charlatans, où en sont les recherches scientifiques, et pose la question « Sommes nous tous voyants ? » Et si c’était un don que chacun pourrait développer ? En lisant l’ouvrage, au style vif étayé de nombreux témoignages, on est de plus en plus convaincu que le paranormal, c’est du normal pas encore expliqué.
Un homme du XVIII è siècle nous surprenant en communication grâce à un GSM crierait à la sorcellerie. Ce qui ne s’explique pas en 2002 n’est pas forcément un leurre destiné aux crédules…
Violaine Muûls